Pollution : même le GGGI demande à la Corée de prendre ses responsabilités

21 mars


La Corée du Sud a la fâcheuse tendance, et ce depuis des années, de critiquer son voisin chinois et de renvoyer toutes les responsabilités sur celui-ci lorsque la péninsule coréenne connaît des pics de pollution. Des pics qui ont lieu généralement en hiver et au printemps. Pour rappel, la Corée est en dernière position des 35 membres de l'OCDE en matière de qualité de l'air dans le pays.

Demandez à un Coréen d'où vient la pollution et dans quasiment 100% des cas, il vous répondra que c'est à cause de la Chine en vous le démontrant par A+B et en vous montrant des images des vents mêlés au nuage de pollution.

Et le gouvernement n'est pas étranger à cela puisqu'il n'a de cesse de critiquer Pékin, clamant haut et fort que 80% de la pollution en particules ultra-fine (PM 2.5) provient de son voisin lorsque les pics sont élevés. Ce que réfute la Chine bien entendu.

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Aujourd'hui, tout coréen ayant un intérêt pour les causes de la pollution atmosphérique se transforme en "mini-météorologue expert en particules fines et ultra-fines", à coup de cartes météorologiques, de commentaires croisées entre citoyens sur des plateformes communautaires en ligne, etc. Alors certes, le but n'est pas de dire que la Chine n'est responsable de rien. Il est clair qu'une grande partie de la pollution en Corée provient de son voisin, mais que fait Séoul pour réduire les émissions locales ?

Pour Frank Rijsberman, directeur général du GGGI, dont le siège est à Séoul, il faut que la Corée du Sud fasse évoluer son discours : « Critiquer la Chine est une solution de facilité. Je conviens que la Chine porte une certaine responsabilité, mais le fait de vouloir négocier avec la Chine passe avant tout par une action locale forte », a-t-il déclaré à un organe de presse locale hier.


Le GGGI, c'est le Global Green Growth Institute, une organisation internationale née d'un think tank coréen lancé en 2010 sous la présidence de Lee Myung-bak. Ses objectifs sont très simples : adopter et mettre en oeuvre des plans de croissance verte (faire croître l'économie par des stratégies orientées sur la protection de l'environnement), la mise à disposition de résultats de recherche à l'attention des décideurs ; et l'engagement du secteur privé dans la mise en œuvre des plans nationaux de croissance verte.

Durant ces dernières années, la Chine a pris des mesures drastiques pour combattre la pollution, que ce soit en fermant des centrales à charbon et en mettant en place des moyens de transports électriques comme les bus à Pékin. Selon une étude, la Chine a réduit son niveau de pollution de près d'un tiers en moyenne sur les quatre dernières années.


De son côté, Séoul n'a pris que des mesurettes... rien de drastique, rien de déterminant. À chaque pic de pollution, le gouvernement prend des mesures de réduction de la pollution en urgence, comme l'interdiction de circuler aux vieux véhicules diesel ou encore des expériences de pluies artificielles en Mer Jaune pour bloquer les nuages de poussières fines (expériences qui ont été des échecs). Sans oublier les grands purificateurs d'air dans les villes.

Pour le patron du GGGI, ce ne sont que « des premiers pas », loin « d'être suffisants ». Pour Rijsberman, il ne faut pas passer par quatre chemins : il faut une réforme rapide de l'industrie qui repose principalement sur le charbon et le nucléaire. « Passer à 20% d'énergies issues du renouvelable, c'est une bonne décision du gouvernement Moon, mais ce n'est pas assez » insiste-t-il.


Parmi les promesses du président Moon Jae-in faites en 2017, il y avait la part des énergies renouvelables qui passeront de 6.2% à 20% d'ici 2030, mais encore la réduction de la dépendance au charbon, réduite de 45.4% à 36.1% et le démantèlement des centrales à charbon de plus de 10 ans d'ici 2022.

La difficulté pour le gouvernement tient dans deux choses : premièrement, le lobbying et la puissance des géants de l'énergie en Corée qui empêche toute action gouvernementale. Deuxièmement, le prix de l'électricité est très bas, ce qui est « un problème politique compliqué » pour Rijsberman. Tant que l'électricité sera bon marché, alors il sera difficile de mettre en place une politique de changements en matière de sources énergétiques.

Pour en savoir plus sur l'action locale, lire Les particules fines deviennent "catastrophe sociale"
Pour en savoir plus sur les mesures coréennes et la position de la Chine en détail, lire Mais que fait Séoul face à la pollution ?

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