Recrutement dans les chaebols : ça bouge !

10 avril


L’information a peu été reprise par la presse, mais elle est pourtant révélatrice d’un marché du travail coréen en pleine mutation.

Le géant de l’automobile Hyundai-Kia vient d’annoncer qu’il mettait fin à son mode de recrutement traditionnel organisé par sessions collectives bi-annuelles durant lesquelles les candidats sont soumis à des tests d’aptitude écrits. Le groupe va mettre en mettre en place un système plus souple qu’il espère plus efficace : un recrutement au fil de l’eau en fonction de ses besoins et davantage basé sur la compétence.

Une évolution qui peut paraître évidente mais qui est un véritable changement dans la vie des jeunes coréens si la décision de Hyundai-Kia fait des émules dans les autres conglomérats coréens qui partagent tous le même mode de recrutement depuis plus d’un demi-siècle.


En effet, en Corée du Sud, le recrutement dans les chaebols est très formalisé voire centralisé : il consiste à organiser, généralement deux fois par an au printemps et à l’automne, de grandes « sessions de recrutement » rassemblant tout les candidats en un lieu.

En un temps imparti, les participants sont sélectionnés selon un « Test d’Aptitude » qui se présente sous la forme d’épreuves de logique ou de mathématiques qui s’approchent des tests de QI. Et chaque entreprise a développé son propre test que les candidats bachotent durant des mois souvent aidés par des cours du soir spécifiques : HMAT pour Hyundai-Motor Aptitude Test, GSAT pour Global Samsung Aptitude Test, etc.

A l’issue de ces grandes messes régulières, les heureux élus passeront encore d’autres épreuves sélectives puis les meilleurs seront affectés aux différentes Business Units du conglomérat qui ensuite les formeront aux différents postes à pourvoir.

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Les dates des sessions étant fixées en fonction du calendrier universitaire, ce système permet aux entreprises de recruter un vivier de jeunes fraîchement diplômés qui feront probablement toute leur carrière dans le groupe. Simple, efficace, organisé… mais un peu rigide.

Le groupe Hynndai-Kia s’est effectivement rendu compte que le recrutement par vague d’embauches n’offrait pas une bonne adéquation entre l’offre et la demande. Il n’est pas assez efficace pour recruter les talents nécessaires à chaque division, ni les bons profils adaptés à chaque poste. En effet, ce mode de sélection est davantage basée sur la rapidité et la restitution d’apprentissage que sur la réflexion et la personnalité du candidat.

Le recrutement par session fixe empêche également une adaptation rapide aux besoins humains de l’entreprise qui doit faire preuve de davantage de réactivé dans un marché industriel en pleine mutation. Hyundai-Kia va mettre en place un recrutement tout au long de l’année et surtout davantage basé sur sur les compétences liées au poste que sur de tests.


Cette décision sans précédent du grand groupe automobile pourrait faire évoluer les pratiques dans les autres entreprises coréennes et ainsi modifier largement les mentalités et la relation prégnante en Corée entre les conglomérats et les grandes universités. En effet, ce recrutement régulier et personnalisé devrait favoriser davantage les personnes ayant déjà une expérience professionnelle plutôt que les jeunes diplômés.

On peut aussi envisager un marché de l’emploi plus dynamique, permettant d’offrir des opportunités professionnelles plus régulièrement en évitant aux candidats de rester des mois à attendre la saison prochaine pour espérer décrocher le poste en or…


Il est intéressant de voir ces grandes entreprises remettre en question leur mode de fonctionnement sur un sujet particulièrement sensible qu’est leur mode de sélection à l’embauche. Entrer dans un chaebol est l’aboutissement de toute une éducation : les places sont chères, elles ne représentent que 1% des emplois en Corée, et donc réserver à une certaine élite.

Ouvrir le système et le rendre plus flexible peut laisser plus d’opportunités à des profiles plus variés. Déverrouillez le système, une source d’espoir pour beaucoup.

Par Riva Brinet
Rédactrice pour Bienvenue en Corée du Sud

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