Piratage, présence américaine, menace militaire : la Corée du Sud sous tension

24 janvier


Etats-Unis, Corée du Nord et Japon... les menaces fusent de toute part. Tout d'abord, le voisin du Nord qui, d'après le parlementaire Lee Jong-myung, du parti de la liberté de Corée mais également membre de la commission de défense, a effectué au début du mois d'octobre dernier (le 4 plus précisément) une attaque informatique d'envergure auprès du bureau en charge de l'approvisionnement militaire au sein même du ministère de la défense sud-coréen.


Une trentaine d'ordinateurs ont d'abord été touchés et une dizaine de postes ont finalement été piratés. Les assaillants, qui ont récupéré des informations sur les prochaines commandes et distributions de matériels de l'armée coréenne, sont sans aucun doute issus de Corée du Nord selon Lee.

L'attaque a été repérée par les services de renseignement coréens plus de deux semaines après. Pour ce parlementaire, cela ne fait aucun doute que c'est le voisin nord-coréen car le mois suivant, car les attaques menées par Pyongyang vise généralement les données militaires.

 masque beauté coréen


En novembre 2018, ce n'est cette fois-ci pas des informations secrètes du ministère de la défense qui ont été interceptées, mais des listes de réfugiés nord-coréens. Ce sont les postes informatiques du bureau de Hana, un organisme en charge de trouver un logement aux transfuges nord-coréens, qui ont été piratés. Pas moins de 997 réfugiés ont vu leur nom et leur adresse être interceptés dans cette attaque.


Il aura fallu près de deux mois à Hana pour se rendre compte du piratage dans une de ses antennes régionales (les 24 autres n'ont rien subi). Pour rappel, plus de 30 000 nord-coréens vivent actuellement en Corée du Sud après s'être enfui du Nord. Le millier de coréens concernés par l'attaque a donc dû être relogé. Si dans ces cas récents, la Corée du Nord ne fait aucun commentaire, il ne fait aucun doute qu'ils sont les responsables de ses piratages.


De leur côté, les Etats-Unis, pourtant première force alliée de la Corée du Sud, commencent à mettre la pression sur Moon Jae-in. Le président Donald Trump l'avait promis depuis son élection : il fera payer la Corée du Sud pour ce qui est de la présence militaire américaine sur son sol.

Après les promesses, place à l'action. Le gouvernement américain demande au gouvernement sud-coréen de payer 1 milliards de dollars annuellement, menaçant dans le cas contraire de retirer la présence de l'armée américaine sur le territoire coréen.


L'année dernière, Séoul avait déjà payé 852 millions de dollars, ce qui représente la moitié du coût de la présence américaine en Corée. Bref, un partage des frais entre les deux pays. Cette nouvelle proposition de Washington a été émise dans le cadre du renouvellement du SMA (Status of Mission Agreement), l'accord pour les mesures spéciales, un accord de partage des frais pluriannuel sous le Status of Forces Agreement, une entente juridique entre les deux pays concernant les forces armées d'un pays dans l'autre.


À ce jour, environ 28 500 militaires sont présent dans les forces américaines en Corée. L'accord est arrivé à son terme à la fin de l'année dernière mais les 10 réunions entre les deux parties ont vu les négociations échouer. Séoul refuse de payer plus de 1 000 milliards de wons, Washington demande 1 100 milliards de wons. Après tout, la Corée du Sud peut également menacer les Etats-Unis de réduire ses importations d'armes américaines (6,73 milliards de dollars entre 2008 et 2017).

 t-shirt coréen

La quatrième économique asiatique est en effet le troisième importateur d'armes américaines sur les 10 dernières années, derrière l'Arabie Saoudite (10,63 milliards de dollars) et l'Australie (7,27 milliards de dollars). Juste devant les Émirats Arabes Unis (6,7 milliards de dollars).

Des chiffres publiés par le "2018 Global Defence Market Yearbook" de l'institution publique Defense Agency for Technology and Quality. Le Japon est 7ème sur la décennie avec 3,75 milliards de dollars. La Corée du Sud a été récemment friande d'avions de combat Lockheed Martin's F-35A et d'avions de patrouille maritime de type Boeing P-8 Poseidon.

Suh Wook, directeur en chef des opérations du JCS
Enfin, que se passe-t-il entre le Japon et la Corée du Sud ? La tension monte au fil des semaines entre les diplomates des deux pays suite à un incident militaire en Mer de l'Est lorsqu'un destroyer de l'armée sud-coréenne a utilisé un radar anti-tir afin d'apporter une aide humanitaire vers un navire nord-coréen en difficulté.

Selon le Japon, le navire sud-coréen visait ses avions militaires de patrouille maritime et un avion de patrouille de type P-1 japonais s'est alors rapproché du destroyer coréen Gwanggaeto le Grand. De là, les avions nippons ont par trois fois volé à très basse altitude à proximité du destroyer, les 18 et 22 janvier tout d'abord puis hier vers 14h00.

Montage créé par un groupe Facebook sur le sujet des tensions entre la Corée du Sud et le Japon.
Pour l'armée coréenne, c'est un nouvel acte de "provocation" et si Tokyo réitère ce genre d'opérations, Séoul n'hésitera pas à "utiliser tous les moyens de défenses en sa possession dans le cadre de son code de conduite militaire", a affirmé Suh Wook, directeur en chef des opérations du JCS.

En réponse, le Japon estime qu'il est "très inapproprié" que la Corée du Sud menace de prendre de telles mesures envers un pays allié, rajoutant que le vol de son avion s'effectuait dans les eaux internationales qui chevauchent les deux pays. Affaire à suivre... mais la tension monte en Asie du Nord-est.

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