Pernod Ricard Korea : scandale sur scandale

23 janvier


L'un des plus importants investisseurs français en Corée du Sud est en train de perdre pied. Alors que l'on annonçait Pernod Ricard Korea dans la tourmente en août dernier, il semblerait que les derniers mois n'aient pas joué en faveur de la première société française d'alcool. Présidée par Jean Touboul, la filiale coréenne de Pernod Ricard va faire l'objet d'une enquête pour harcèlement sexuel présumé et pratiques de travail déloyales au sein même de la société, rapportait hier le ministère coréen du travail. Une bien mauvaise nouvelle alors que les ventes ne sont pas au beau fixe (4,89 milliards de wons de profits sur opération l'an dernier contre 15,48 milliards en 2017) et que les conflits avec le syndicat traînent.

Après deux mois d'examen et de suivi par le bureau de Séoul du ministère du travail, celui-ci a estimé que toutes les spéculations portant sur les pratiques illégales de travail et les problèmes d'ordre sexuel au sein de l'entreprise avaient été jugées véridiques et qu'il appartenait au groupe de punir le responsable des ventes concerné. Celui-ci aurait, d'après le syndicat, agressé verbalement ses subordonnés depuis l'arrivée du nouveau président à la tête de la filiale en septembre 2016.


Le Hankuk Ilbo rapporte que d'après le syndicat, ce cadre en charge des ventes a déclaré à une employée souffrant de problèmes de fertilité qu'elle "ferait mieux d'avoir un rapport avec son mari jusqu'à ce que ses ongles marquent le dos de celui-ci". Dans un autre cas, il a ordonné à un ancien employé : "j'aimerais bien que tu mâches le chewing-gum que j'ai mâché" ("내가 씹던껌 씹어라"). Bref, des propos complètement déplacés et pas vraiment digne d'une entreprise de ce standing.


Le président Touboul (ci-dessus) est de son côté soupçonné d'avoir tenté de dissoudre le syndicat. En juin dernier, il était déjà fortement critiqué lors d'une réunion avec ses employés pour avoir nié les allégations frappant le groupe, et il avait eu la même attitude lors d'une audience parlementaire au mois d'octobre.

C'est le parlement, d'ailleurs, qui a déclenché l'enquête via le ministère du travail. D'après les premiers éléments dévoilés par la presse, le président ainsi que d'autres cadres sont suspectés d'avoir conspiré afin d'empêcher à leurs chefs d'équipes de s'affilier au syndicat de l'entreprise au nom de "la normalisation des liens entre les syndicats et les employeurs".


Pernod Ricard Korea a annoncé, via une lettre à ses distributeurs (ci-dessus), avoir lâché les droits de vente du whisky Imperial en Corée du Sud à la société Drink International, un distributeur d'alcool local, dont la relève prendra effet à partir du 1er mars prochain. Le Hankuk Ilbo, qui suit l'affaire de près, déclarait hier ne pas être arrivé à contacter Pernod Ricard Korea afin d'avoir un commentaire sur cette affaire.

De son côté, le syndicat s'insurge contre cette revente des droits de distribution du whisky Imperial, se justifiant en indiquant que les cadres managériaux de l'entreprise cherchent à trouver une excuse afin de réduire les salaires. Selon eux, l'entreprise souhaite se séparer de plus de la moitié de ses 220 employés tout en renvoyant d'importants dividendes vers son siège Allied Domecq en France, dénonçant là une pratique de "fuite" du pays.

"Plus de 30 milliards de wons de dividendes ont été renvoyés au siège ces deux dernières années" s'insurge un membre du syndicat. En fait, ce serait 45,85 milliards de wons depuis juillet 2015 (25.2 milliards de juillet 2015 à juin 2016, 9,1 milliards de wons l'année suivante et 11,5 milliards de wons l'an dernier).

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