La Corée du Sud abandonne la déclaration sur la neutralité carbone d'ici 2050

10 février


Considérée comme l'un des plus gros "délinquants du climat", septième plus gros émetteur de CO2 en 2018 derrière la Chine, les Etats-Unis, l'Inde, la Russie, le Japon et l'Allemagne, la Corée du Sud déçoit encore sur la question du réchauffement climatique. En effet, l'exécutif a décidé d'abandonner purement et simplement la "déclaration de la neutralité carbone" signée par 73 pays.

Pour rappel, il s'agit d'un accord pris lors de la COP21 à Paris afin de limiter l'augmentation moyenne de la température et ne pas dépasser 1,5 degré Celsius (lire la déclaration sur https://www.carbon-neutrality.global/the-declaration/). L'objectif, autrement dit, est d'éliminer tant que possible les gaz à effet de serre rejetés afin de maintenir les émissions nettes à zéro.


Et l'abandon de cette approche par Séoul risque de susciter une condamnation internationale unanime. Le ministère de l'Environnement a annoncé des chiffres bien loin du niveau zéro, lors de son Forum sur la vision d'une société à faible émission pour 2050. Selon l'accord de Paris, tous les pays sont censés développer cette année une "stratégie de développement pour 2050 afin de réduire les émissions à long terme", plus clairement un plan visant à instaurer une société durable à faible émission d'ici 30 ans et ainsi réduire le réchauffement climatique à moins de deux degrés sur la base des avertissements des scientifiques.

Mais la Corée du Sud a divisé ce plan en cinq options qui impliquent des réductions des émissions à des niveaux différents. La première, la plus ambitieuse, vise par exemple une réduction de l'ordre de 75 % des 709,1 tonnes d'émission de gaz à effet de serre enregistrés en 2017 d'ici 2050. Alors que la cinquième, la moins ambitieuse, ne propose qu'une baisse de 40 %. Cette option était à la base celle sur laquelle se basait la politique du gouvernement, d'après son plan de réponse au changement climatique annoncé en octobre 2019.


Dans le détail, cela consiste en une réduction de 27 % des émissions d'ici 2030, un taux qui rendrait difficile la capacité pour le pays du Matin clair de respecter la recommandation de l'accord sur le maintien d'un niveau du réchauffement de la planète sous les deux degrés. Seuls les trois premières options, avec respectivement 75 %, 69 % et 61 % pourraient permettre de rester dans la fourchette de recommandation. Des discussions complémentaires auront lieu au sein du gouvernement dans les mois qui viennent, afin de soumettre d'ici la fin de l'année une convention-cadre aux Nations unies sur la question du changement climatique. Mais personne n'attend plus rien.

Effectivement, lors du Forum du ministère de l'Environnement, il a été fait mention des « objectifs qui doivent être rapidement atteints » et du « besoin de poursuivre des discussions sociétales de grande envergure ». Sans aucune cible chiffrée, les critiques ont bien compris qu'il s'agissait tout simplement d'un abandon de la déclaration. Et alors que le ministre de l'Environnement, Cho Myung-rae, indiquait à la presse au mois d'octobre que le pays prévoyait une déclaration de neutralité carbone "nette zéro", l'omission d'un tel contenu dans le compte rendu du Forum va susciter l'ire tant au niveau national qu'international.

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