Une famille angolaise bloquée 60 jours à l'aéroport d'Incheon

26 février


"Nous ne pouvons accepter la décision du ministère de la justice qui est arrivé à la conclusion que la famille Lulendo n'avait pas de raison valable de demander l'asile à la Corée du Sud". C'est en ces mots que Lee Sang-hyun, de l'association Duroo pour le droit d'intérêt public et avocat de la famille angolaise bloquée à l'aéroport international d'Incheon depuis plus de 60 jours, a annoncé qu'il se battrait jusqu'au bout pour faire entrer son client sur le territoire coréen. 

Une action en justice étant enclenchée contre le ministère de la justice, avec une première audience prévue le 7 mars et une décision finale qui devrait voir le jour en mai voire juin, le séjour dans les couloirs de l'aéroport d'Incheon s'annonce encore très long pour la famille. 




Arrivés à Incheon avec un visa de tourisme le 28 décembre dernier, Nkuka Lulendo, sa femme et ses quatre enfants qui ont moins de 10 ans, ont été bloqués par les services d'immigration sud-coréen et n'ont depuis plus quitté la zone de transit de l'aéroport. Une campagne menée par les groupes d'activistes et baptisée "vous connaissez les gens de la porte 46 à l'aéroport d'Incheon ?" a permis de faire écho dans la presse et les réseaux sociaux de la situation de la famille Lulendo. 

Si pour le ministère, le statut de réfugié n'est pas acceptable pour les angolais en recherche d'asile, Nkuka se justifie par le fait qu'il a quitté l'Angola pour la république démocratique du Congo lorsqu'il était plus jeune et qu'il craint des représailles du gouvernement s'il est expulsé vers l'Angola. 


Dans une lettre révélée par une association regroupant 15 groupes défendant les droits de l'homme en Corée du Sud, Nkuka Lulendo parle des conditions de vie compliquées dans l'aéroport : "Nous vivons dans une situation que nous n'avons jamais connu auparavant. Nos enfants tremblent de froid, ont des frissons, des sensations qu'ils n'ont jamais connu. Nous sommes aussi des êtres humains. S'il vous plaît, aidez-nous à sortir de cette vie d'aéroport". 

La famille reçoit à peine trois repas par jour à cause d'un manque de moyens, doit se laver dans les toilettes de l'aéroport et dormir sur des coussins au sol. "Leur santé se détériore" affirme Lee. 

Légalement, la situation ne pose aucun problème. Tout demandeur d'asile dont la demande est refusée par les services d'immigration doit retourner dans son pays ou peut contester la décision du gouvernement tout en restant vivre dans l'aéroport (soit dans la salle de déportation, soit dans la zone de transit). Entre juillet 2013 et décembre 2018, plus de la moitié des demandeurs d'asile ont vu leur dossier rejeté (756 sur 1 428) selon les statistiques du ministère de la justice. 

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