Corée du Sud : Une femme peut-elle être présidente dans une société confucéenne ?

17 janvier

Politique – Il y a cinq ans, les Coréens disaient « non » à Park Geun-Hye (59, à gauche) lors de la campagne présidentielle, lui préférant de justesse Lee Myung-Bak, l’actuel président. La fille de l’ancien président-dictateur, le général Park Chung-Hee (63-79), est sans doute l’une des femmes les plus puissantes en politique dans la péninsule sud-coréenne. Du coup, seule opposante possible : Han Myeong-Sook (67, à droite), la seule femme à avoir été (pendant 11 mois, d’avril 2006 à mars 2007) à la tête du gouvernement (Premier Ministre) sous la présidence de Roh Moo-Hyun. Aujourd’hui, ces deux femmes ne veulent pas se rater pour la campagne présidentielle de fin d’année. Du coup, elles ont toutes deux assurées ces dernières années des positions de choix dans leur parti avec Park leader du GNP (Grand Parti National, parti au pouvoir) et Han leader du DUP (Parti Uni Démocrate, principal parti d’opposition). Et il se pourrait bien que ces implications politiques forcent au final les Coréens à n’avoir le choix qu’entre deux femmes s’ils veulent voir un parti puissant prendre la direction du pays.

Premier test : avril prochain avec les élections à l’Assemblée Nationale. C’est probablement à ce moment-là que le peuple coréen saura si Park et Han ont les épaules pour diriger la Maison Bleue. Leur historique plaide pour elles, après tout : Park vit dans la politique depuis ses balbutiements avec un père dirigeant pendant 16 ans, et Han a toujours eu le soutien du président Roh qui voyait en elle une « présidentiable ». Cette montée en puissance n’est en fait que le reflet d’une vraie tendance politique : les femmes prennent de plus en plus de place dans la politique coréenne. Lors des élections de 2008, 41 femmes obtenaient leur siège dans l’hémicycle de 299 membres à l’Assemblée Nationale.

Les épaules, elles les ont. C’est un peu ce que tentent d’indiquer les spécialistes de la politique sud-coréenne ces derniers temps dans les médias. Han a vécu plus de 13 ans, séparée de son futur-mari après avoir été arrêté et mis derrière les barreaux pour espionnage en 1967. Pendant tout ce temps, ils n’auront cessé de s’écrire afin de rendre leur mariage possible. Elle prend le poste de ministre pour l’égalité des sexes sous Kim Dae-Jung puis devient Premier Ministre sous Roh Moo-Hyun. En 2010, elle connait une défaite électorale conséquente à la mairie de Séoul, Oh Se-Hoon remportant un deuxième mandat. Park de son côté n’a pas pris de poste important au sein d’un quelconque gouvernement, mais son passé familiale et ses réussites au sein de son parti plaident pour elle. Sous son égide, le GNP n’a pas perdu d’élections partielles, ce qui lui a valu le surnom de « Reine des Élections ». Reste désormais à savoir si le poste suprême peut être pris par une femme dans une société où le « mâle domine », une société confucéenne…

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