Évolution socio-démographique : priorité aux filles !

20 août

Ce n'est pas une surprise. Depuis quelques années maintenant, les couples sud-coréens ont une préférence pour les filles que les garçons. Une tendance bien loin de ce que "veut" la tradition confucéenne, pourtant encore très présente dans la société coréenne. Alors que la Corée comptait plus d'hommes que de femmes jusqu'à récemment, les estimations pour 2013 sont de 1 pour 1. Les dernières données fournies par le gouvernement en juin dernier indiquaient en effet que le pays comptait 25,08 millions de femmes contre 25,14 millions d'hommes. C'est tout simplement la première fois que ces deux chiffres sont aussi proches depuis que l'Etat enregistre ces données (1970).

Nous sommes bien loin du ratio de 116.5 de 1990 (116,5 garçons naissent lorsque 100 filles naissent), époque à laquelle "l'avortement sélectif" était prisé. L'homme était en effet préféré car il se devait de prendre en charge ses parents une fois que ceux-ci atteignaient un certain âge. En 2012, le ratio était de 105.7, un niveau comparable aux pays occidentaux. L'espérance de vie plus élevé chez les femmes (84,5 contre 77,6 pour les hommes en 2011) permet d'équilibrer le ratio à 1:1 entre la naissance et la mort.

L'une des raisons au changement tient probablement dans le fait que le gouvernement ait imposé une loi en 1988 interdisant aux médecins de révéler le genre de l'enfant aux parents avant la naissance. Une loi qui a évolué 21 ans plus tard, le gouvernement en place en 2009 ayant décidé d'autoriser les médecins à donner le genre du bébé 32 semaines après la conception. Une autre raison pourrait venir du fait que les couples préfèrent donner naissance à un unique enfant. Entre le nombre croissant de femmes réussissant dans la vie et près de deux ans de services militaires obligatoires pour les hommes, il n'est pas étonnant de voir que les couples préfèrent donner naissance à des filles.

Les chiffres dévoilés par une étude du KIHASA (institut coréen pour la santé et les affaires sociales) cette semaine poussent à penser que les parents coréens vont continuer à préférer les filles aux garçons. Selon cette étude, marier un fils coûterait trois fois plus cher à une famille que de marier une fille. L'institut pour la santé et les affaires sociales a basé son étude sur 973 couples mariés en 2012 et a découvert que les couples dépensaient en moyenne 107,4 millions de wons (71 000 euros) pour marier leur fils alors qu'ils n'en dépensaient que 35,4 millions (23 000 euros) pour marier leur fille. La moyenne des frais de mariage a explosé en deux ans, passant de 50,45 millions à 77,5 millions entre 2010 et 2012. L'homme se doit en effet (pour beaucoup de familles) d'être propriétaire avant de se marier.

Gauche - Le chemin menant à la jeunesse et la beauté passse par la planification familiale
Droite - Arrêtez la discrimination entre garçon et fille. Ayez seulement 2 enfants
et élevez-les correctement (1970s)

Faire des filles, c'est bien beau, mais encore faut-il que la société reconnaisse une certaine égalité entre les sexes, ce qui n'est pas vraiment le cas en Corée du Sud où la tradition confucéenne place l'homme en haut de l'échelle. Dans le monde des affaires, la différence est encore flagrante. L'étude réalisée par McKinsey & Co. en 2012 rapportait ainsi que 55% de la force de travail en Corée était féminine, derrière la Chine (74%) et le Japon (62%), et que seulement 13 femmes détenaient des postes de PDG dans les 1 787 sociétés coréennes côtées en bourse. Seulement 1.5% des 5 201 managers recensés dans les sociétés intégrant le top 10 en Corée du Sud sont des femmes. Les sociétés à capital-risque dirigées par des femmes génèrent des ventes moyennes de 3,2 milliards de wons, 20 fois plus élevés que les ventes des sociétés sans actionnariat dirigées par des femmes. Elles créent également 5 fois plus d'emplois. Il est d'hommage de constater que seulement 7.8% des sociétés à capital-risque sont créées par des femmes (à 7% pour la quatrième année consécutive), alors que 74.3% des femmes entrent dans les universités du pays.

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