Un nouvel épisode dans la Guerre du Crabe ?

12 mars

ÉDITORIAL - Les menaces de la semaine dernière sont devenues réalité. Alors que les Sud-coréens et les Américains n'ont pas souhaité entendre la demande des autorités nord-coréennes quant à l'arrêt des exercices militaires conjoints (Key Resolve) ce lundi (phase la plus importante des semaines d’entraînements conjoints en cours), la Corée du Nord a annoncé officiellement mettre un terme à l'accord de cessez-le-feu signé entre les deux nations qui forment la péninsule et l'arrêt total de la ligne de télécommunications reliant Pyongyang à Séoul. Tout un symbole. Le nouveau gouvernement sud-coréen est sur les nerfs. Parallèlement aux exercices conjoints avec l'armée américaine, la Maison Bleue a décidé de mettre en place un comité de préparation d'urgence sous le commandement de Kim Jang-Soo, chef de la sécurité nationale au bureau présidentiel, dans le bunker situé sous le palais présidentiel.

Bien entendu, une attaque sur Séoul est à ce jour inimaginable car elle signerait purement et simplement la Corée du Nord de la carte du globe. Mais il n'est pas impossible de voir des mouvements du côté du Nord-Ouest du pays, dans ce que l'on connaît comme la guerre du crabe (zone riche en crustacés), autour des îles de Yeonpyeong (bombardée le 23 novembre 2010, faisant 4 morts dont 2 civils) et Baengnyeong. Cette zone (dénommée NLL pour Northern Limit Line), la plus ouverte à la Corée du Nord, est extrêmement sensible lorsque la tension monte entre les deux pays. Sur les quinze dernières années, il est possible de compter au moins six grands évènements dramatiques intercoréens (submersibles nord-coréens bloqués dans les eaux sud-coréennes et dont l'équipage se suicide en 1998, première et seconde bataille de Yeonpyeong en 1999 puis 2002, etc.). Les Sud-coréens suivent le sujet de près. 

S'ils ont l'habitude des menaces de la famille Kim, de l'autre côté du 38e parallèle, il semblerait que la montée progressive des tensions commencent à inquiéter quelque peu. Hier, alors que la Corée du Nord annonçait la fin du cessez-le-feu entre les deux pays, des messages s'échangeaient sur Kakao Talk (plateforme de messagerie instantanée gratuite) incitant à ne pas se rendre autour des stations de Gangnam et du COEX, les quartiers d'affaires de la capitale. Un attentat ? Difficile à imaginer. Mais ce qui semble passer pour une "rumeur" prouve d'une certaine manière que la sérénité n'est pas de mise en Corée du Sud. Beaucoup de coréens (les plus jeunes générations, les séniors étant probablement plus habitués au sujet ne montrent pas de signe d'inquiétude) avouent ne pas savoir à quoi s'attendre. Bombardement sur Yeonpyeong ? Incident sur la zone démilitarisée ? Tirs de missiles longue portée en mer Jaune ou en mer de l'Est ? Emprisonnement de cadres sud-coréens travaillant sur le complexe conjoint de Kaesong, situé au Nord (les autorités nord-coréennes continuent à autoriser les cadres sud-coréens à se rendre sur le complexe via la ligne de communication militaire près de la mer Jaune) ? 

Pour le gouvernement, la situation est "très grave". Le fraîchement nommé Ministre des Affaires Étrangères, Yun Byung-Se, a du pain sur la planche : "La situation est imprévisible suite au troisième essai nucléaire nord-coréen. Mais mon but est de changer cette période de confrontation et de méfiance en une ère de confiance et de coopération". Pour les Etats-Unis, il est hors de question de s'abaisser face aux menaces et ce, malgré la possession possible de l'arme nucléaire.

Tom Donilon, conseillé à la sécurité nationale du Président Obama, l'a fait savoir très clairement hier lors d'une intervention à la Maison Blanche : "Les Etats-Unis ont toujours été ouverts à d'authentiques négociations avec le régime nord-coréen, mais n'a toujours eu en retour des provocations et une rhétorique extrême de la part de Pyongyang". Du coup, le département du trésor des Etats-Unis a annoncé la mise en place de sanctions contre la banque du commerce international de Corée du Nord, première banque de change, pour son support au programme d'armes de destructions massives nord-coréennes. "Il est clair que les provocations, l'escalade et les mauvais choix des dirigeants nord-coréens placent d'une part la Corée du Nord dans une situation d'insécurité mais condamnent également leur population qui atteint un niveau de pauvreté de plus en plus contrasté par rapport à son voisin sud-coréen et aux autres pays d'Asie".

Par Clément, 12 mars 2013, 6h32, Séoul

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1 avis

  1. ca fait vraiment peur tout ca... en tout cas merci de nous tenir au courant parce que les medias francais ne s'interessent pas vraiment au sujet....

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