Première interview du transfuge nord-coréen Oh Chong-song

20 novembre


Oh Chong-song n'est pas un transfuge nord-coréen comme les autres. Il est surtout connu pour son échappée rocambolesque de Corée du Nord. Souvenez-vous, c'était le 13 novembre 2017. Un soldat nord-coréen roule à tout allure à bord d'un 4x4 sur la route menant de la frontière nord-coréenne à Panmunjeom, l'ancien village au cœur de la zone démilitarisée qui sépare les deux Corée depuis la fin de l'armistice signant la fin des combats en 1953.

Aujourd'hui, le symbole de la réconciliation des deux pays après le passage symbolique de Kim Jong-un vers le Sud le 27 avril 2018. Il est poursuivit et se fait tirer dessus. Il sort du véhicule et court vers le sud sous les balles de soldats nord-coréens lancés à sa poursuite, comme le montreront une dizaine de jours plus tard les images rendues publiques du commandement des Nations unies en Corée (UNC).


Grièvement blessé et caché derrière un petit muret, il finira par s'en sortir. Cette échappée digne d'un film d'action avait été couverte par tous les grands médias internationaux. Mais depuis, aucune trace de lui. Avant cette interview exclusive donnée au journal japonais Sankei Shimbun, un an après sa traversée héroïque. L'homme âgé de 25 ans ne ressent aucune allégeance au pouvoir nord-coréen, malgré ses origines privilégiées qui veulent qu'il soit le fils d'un haut-gradé (général) de l'armée du royaume ermite. Selon lui "les jeunes nord-coréens n'ont plus aucune loyauté envers le pouvoir et les dirigeants" et lui-même se moquait de se que pensaient ses amis de sa pensée. Il estime que "80% des jeunes nord-coréens de sa génération sont indifférents" vis à vis du pouvoir.


Dans la vidéo qui accompagne l'entretien, on aperçoit Oh Chong-song en chemise blanche et veste sombre répondre aux questions du journaliste japonais avec un léger accent nord-coréen. Il en profite pour régler ses comptes avec les médias coréens qui le soupçonnaient d'être poursuivi par le régime nord-coréen pour meurtre. Sa version des faits est qu'après un incident avec des amis, il a commencé à boire de l'alcool et en rentrant à son poste, il a franchi un poste de contrôle. Craignant alors une exécution, il a décidé de poursuivre et de s'enfuir vers le Sud. "Je comprends que mes camarades m'aient tiré dessus. S'ils ne l'avaient pas fait, ils auraient été punis lourdement. Si j'avais été eux, j'aurais fait pareil" a-t-il insisté. Avant d'ajouter "j'ai eu peur de me faire exécuter, alors j'ai décidé de passer la frontière".

Oh Chong-song transporté à l'hôpital en urgence après son échappée.

Concernant la situation avec les Etats-Unis, il avoue avoir craint une guerre totale entre les deux nations : "j'ai vraiment senti que nous étions au bord de la guerre avec les Etats-Unis, la tension était très forte chez nos supérieurs". Surtout en fin d'année dernière, alors que Trump promettait à Kim Jong-un "Fire and Fury" via un Tweet comme il aime les faire. Cette interview n'a soulevé aucun commentaire de la part du Ministère de l'unification sud-coréen, qui estime ne pas avoir à suivre ce que disent les transfuges une fois sortie des centres de réhabilitations.

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