Plongée originale au cœur du Mouvement du 1er mars

19 mars


A l’occasion du 100ème anniversaire du Mouvement d’Indépendance du 1er mars 1919 qui est célébré cette année dans toute la Corée, le musée du Dongdemun Design Plaza propose une exposition très originale, à la fois politique et culturelle. Passionnés par la Corée d’hier et d’aujourd’hui, courrez-y avant la fin du mois !

Cette exposition aborde l’Histoire contemporaine du pays en étant au plus prêt des activistes du Soulèvement du 1er mars, elle permet aussi de découvrir l’Histoire de l’art coréen en présentant une des plus belles collections de céramiques du pays. Mais qu’est ce qui peut bien lier ces deux histoires aux temporalités si éloignées? Un lieu, l’Ecole de Posung, et une personne, Kansong qui en développa la philosophie.

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On plonge dès les premières salles dans cette Ecole de Posung, on y plonge au sens propre et au sens figuré car l’exposition propose une visite virtuelle en 3D extraordinaire. L’école est fondée en 1906, donc au tout début de l’occupation japonaise quand la Corée était sous protectorat Japonais.

Ce fut la première école privée du pays, allant du primaire au secondaire et incluant une école d’art. Elle fut créée par un ministre de l’Empereur afin de maintenir par l’éducation et la culture l’identité nationale coréenne et de résister à l’envahisseur japonais. « Construire une école pour soutenir la nation », telle était la devise.

Et c’est naturellement dans ce lieu de résistance pacifique que s’est préparé, 12 ans après son ouverture, le fameux Mouvement du 1er Mars 1919. Si le soulèvement de 1919 a été un mouvement populaire par des manifestations de citoyens à travers tout le pays, il est parti de Séoul et il a été minutieusement préparé par des intellectuels et des étudiants, dont beaucoup appartenaient à cette Ecole de Posong.


Ainsi, les dirigeants-fondateurs de l’école, ses professeurs et nombre de ses étudiants ont fait parti des résistants de la première heure. Ce sont eux qui ont fait imprimer dans l’école les 35 000 exemplaires de la Déclaration d’Indépendance qui ont été distribués dans tout le pays et ont permis de mobiliser la population dans les villes de province.

L’exposition présente dans une mise en scène élégante, l’histoire de l’école et les portraits d’une vingtaine de ces révolutionnaires patriotes qui ont ensemble défendu la nation coréenne.

La deuxième partie de l’exposition raconte une autre époque de l’Ecole de Posung. Nous sommes maintenant en plein cœur de l’occupation japonaise, dans les années 1940, et nous découvrons le destin d’un homme, Kansong Chun Hyung-pil, et surtout ses exploits.


Directeur de l’Ecole, Kansong s’était donné pour mission de protéger le patrimoine et l’héritage culturel coréen des pillages de l’occupant japonais. Il souhaitait que les futures jeunes générations, une fois l’indépendance retrouvée, puissent « ressentir la beauté de la culture et de l’histoire » du pays.

Ainsi grâce à une fortune importante héritée à l’âge de 35 ans, mais surtout grâce à sa passion pour les antiquités et son dévouement pour son pays, Kansong a réussi à racheter en secret, pendant l’occupation, des collections d’art qui étaient sur le point de quitter le pays.

En 1922, les japonais ont ouvert à Séoul une maison de ventes aux enchères, Gyeongseong Art Club, qui avait pour but d’organiser de manière légale le pillage des biens coréens. Dans ce lieu, interdit aux coréens, les marchands d’art japonais ou étrangers venaient acheter livres, peintures, céramiques qui avaient été volées et pillées à travers la Corée.

Ce système permettait de faire sortir le patrimoine coréen en toute « légalité ». Kansong, grâce à des liens particuliers qu’il avait tissés avec des amis japonais, rachetait en douce ce patrimoine qu’il cachait et protégeait par la suite dans des musées clandestins.


L’exposition du DDP présente certaines de ces collections de grandes valeurs qui ont pu être sauvées par Kansong. On y découvre de très belles céramiques, notamment une collection de 20 céladons de l’époque Goryeo et des vases en porcelaines d’une finesse exceptionnelle.

L’Ecole de Posung, par l’engagement des personnes qui y ont travaillé, fut donc un haut lieu de la défense de l’esprit national et de l’identité coréenne durant toute l’occupation japonaise. Cette école existe toujours aujourd’hui (à Bangi-dong, Songpa-gu / www.posung.hs.kr). Elle a su résister à la Guerre de Corée en continuant ses enseignements de manière clandestine et en déménageant plusieurs fois quand toutes les écoles de Séoul ont dû fermer en 1951.


Les collections de Kansong sont rassemblées au Kansong Art Museum (Seonbuk-gu), lieu très exclusif qui n’ouvre ses protes au public que deux fois par an. C’est cette collection inédite que vous pouvez découvrir en ce moment au DDP ! Allez-y !

Info sur l’exposition : www.ddp.or.kr

Par Riva Brinet
Rédactrice pour Bienvenue en Corée du Sud

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