Kakao se la joue Uber à partir du 17 décembre

10 décembre


C'est une guerre sans fin qui est en cours entre le géant de la communication en ligne coréen Kakao et les syndicats de taxi. D'un côté, Kakao Mobility qui souhaite offrir un maximum de liberté aux utilisateurs de transport partagé. De l'autre, des chauffeurs de taxi déjà fortement dépendant du service Kakao Taxi (sorte de call-taxi) mais qui ne veulent pas d'un nouveau concurrent dont les prix seront imbattables. Kakao, qui est une entreprise phare de l'économie coréenne, est suivi de près par le gouvernement.

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Le président de Kakao Mobility, Jung Joo-hwan, sait très bien ce qu'il fait. "Nous discutons activement avec le ministère des transports, le secteur des services de taxis et le groupe de travail mise en place par le gouvernement sur la thématique du partage des transports en voiture" indique-t-il dans un communiqué. Avant de rajouter : "C'est à partir de ces discussions que nous avons décidé de lancer de manière formelle notre service Kakao T, spécialisé sur le partage de voiture". Un travail intensif a été mis en place chez Kakao depuis le mois de février dernier afin de convaincre toutes les parties, et dans le même temps acquérir l'application Luxi, une plateforme de partage de voiture qui met en relation les chauffeurs de taxi ou privés avec les passagers.


En Corée du Sud, Uber s'est "planté" face à une législation coréenne trop ferme et, plus officieusement, une envie pour le gouvernement de contrôler ces services et laisser la priorité aux entreprises locales du secteur. Aujourd'hui, la loi coréenne ne permet pas d'utiliser de manière commerciale un véhicule personnel, mais pose des exceptions comme sur ce type d'activités lors des heures de rush ou la taille des véhicules de partage. Cette exception a déjà permis à un certain nombre de startups de se jeter dans ce gouffre en proposant des services de partage de véhicules comme récemment TaDa qui propose des voyages partagés dans des véhicules de 7 places (Kia Carnival Blanc uniquement) et reste ainsi dans le cadre de la législation.


Dès à présent, Kakao Mobility est en période de test via son application Kakao T où elle propose une version bêta de son offre de partage de voitures. Un certain nombre de passagers sont tirés au sort pour profiter de ce service. Les chauffeurs sélectionnés peuvent prendre un passager s'il accepte la destination et ils peuvent répondre à une demande de transport seulement deux fois par jour avec aucune limite d'heure pour prendre le passager. Le tarif de base est de 3 000 wons pour les deux premiers kilomètres avec un supplément en fonction du temps et de la distance parcourue. En gros, cela représentera 70 à 80% du tarif d'un taxi normal.


Afin de protéger tant que possible les passagers, Kakao Mobility a instauré une politique de contrôle de chauffeurs très stricte : pour faire partie du "Kakao Carpool Crew", ils doivent fournir leur numéro de téléphone, une photo, une copie de leur permis de conduire et une preuve d'assurance, de propriété du véhicule et d'enregistrement du véhicule. Un "bouton 112" permet aux passagers en situation d'urgence de contacter très rapidement les services de police qui recevront toutes les informations du chauffeur. La version officielle de l'application sera disponible pour les passagers et les chauffeurs à partir du 17 décembre 2018. En opposition à cette initiative, les syndicats des chauffeurs de taxi ont appelé tous les chauffeurs à rejeter les appels reçu via Kakao T.


[MISE À JOUR - 10 décembre à 16h20]
Afin de contester le lancement de ce nouveau service, Choi, un chauffeur de taxi âgé de 57 ans, s'est immolé à 14h à l'intérieur de son véhicule devant l'Assemblée nationale, à Yeouido (Séoul). Emmené d'urgence par la police et les pompiers dans l'hôpital le plus proche, il a succombé à ses brûlures à 14h29. Il aurait prévenu ses proches de son geste d'après les premiers éléments de l'enquête. 

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