La Corée du Sud : la politique de la peur

28 mai

Corée du Nord – Le gouvernement sud-coréen a lancé ses exercices en mer histoire de montrer au « Cher Leader » de Corée du Nord que le Pays du Matin Frais n’a pas peur. Appuyé par les Etats-Unis et son porte-parole qui était en visite à Séoul, Hillary Clinton, pour toute action prise à l’encontre du Nord par le Sud, Lee Myung-Bak compte bien pousser les tensions jusqu’à leur limite. Les pays occidentaux et l’ASEAN n’ont d’ailleurs pas hésité à prévenir tout dérapage, préférant laisser la place à la prudence et au contrôle de chacun. Suite au dépôt au Conseil de Sécurité des Nations Unies du rapport établi par la Corée du Sud dénonçant la Corée du Nord comme responsable du naufrage du navire Cheonan en Mer Jaune fin mars, les Nations Unies ont décidé d’ouvrir une enquête, Pyongyang insistant sur son innocence. Onze pays participeront à cette enquête internationale. Outre les pays ayant déjà participé à la première enquête (USA, Corée du Sud, Suède, Grande-Bretagne et Australie), d’autres pays se joindront aux recherches comme la France, la Turquie ou le Danemark. Mais cela n’empêche pas les autorités sud-coréennes à provoquer un sentiment général de peur dans la péninsule Sud. Jusqu’à présent, les Coréens ne prêtaient pas grande attention aux dernières informations tombant concernant les réactions du Nord. Le discours de lundi du président Lee Myung-Bak, au cours duquel il qualifia la Corée du Nord comme le « principal ennemi » de la Corée du Sud, n’a pas eu un fort impact sur l’attitude de la population. Ni crainte ni inquiétude jusqu’à présent. Alors hier, le gouvernement a décidé de passé aux choses sérieuses. Bizarrement, près de 10 000 vétérans sud-coréens se sont réunis sur Seoul Plaza (ci-contre), place pourtant interdite aux rassemblements de ce genre, pour crier au lancement des opérations militaires contre la Corée du Nord. Le gouvernement aurait-il choisi son camp ? Rappelons qu’il y a une semaine, lorsque des groupes civiques ont voulu se réunir sur Seoul Plaza pour commémorer le premier anniversaire de la mort du président Roh Moo-Hyun, l’accès avait été totalement interdit. Deux poids deux mesures. Et toujours dans ce cadre d’une politique de la peur, les armées americano-coréennes sont passées au niveau Watchon, un système d’alerte mise en place par les deux pays. La situation est passée de Watchcon 3 à Watchcon 2, niveau indiquant « une menace vitale pour le pays ». Pour information, Watchcon 1 prend effet lorsque la guerre est déclarée. Le ministère de la défense Kim Tae-Young en a même remis une couche en indiquant que « le pays est en alerte général suite à des mouvements militaires inhabituelles ». Les exercices d’attaques anti-sous-marins ont commencé hier. La dictature de Kim Jong-Il joue le jeu du président Lee Myung-Bak. Hier, l’heure était encore aux menaces en annonçant que l’accord de non-agression et de coopération signé entre les deux pays en 1991 était désormais rompu entre les deux Corée. Dans les médias occidentaux, on annonce une tension au plus haut niveau entre les deux Corée. En Corée du Sud, la tension n’est en aucun point palpable dans la ville de Séoul, pourtant située à une soixantaine de kilomètres de la frontière avec le Nord. Entre la politique de la peur du gouvernement coréen qui ne marche pas (pour l’instant) et la politique de la peur des médias occidentaux (les médias locaux ne faisant que relater les faits), qui suivre ? Personne, probablement… Espérons simplement que la rencontre de cet après-midi entre Lee Myung-Bak et le premier ministre Chinois Wen Jia-Bao calmera les ardeurs de tout le monde...
Arosmik, le 28 mai 2010 en Corée du Sud

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