Près d'une coréenne sur cinq se fait avorter, une pratique encore interdite

15 février


Elles sont 10 000 à avoir répondu à l'enquête menée par l'institut coréen pour la santé et les affaires sociales (KIHASA), au nom du Ministère de la santé et du bien-être. Une enquête mise en place après les 235 372 signatures d'une pétition lancée en novembre 2017 sur le site du palais présidentiel. 10 000 femmes de 15 à 44 ans qui ont pris le temps de parcourir les questions posées sur le site de l'institut de septembre à octobre dernier. La troisième enquête du genre après 2005 et 2010.

Une enquête sur une pratique illégale mais que de plus en plus de femmes voudraient rendre légale. La loi coréenne interdit en effet l'avortement sauf dans les cas extrêmes de menace sur une vie et dans les cas de viol ou d'inceste.


Un peu plus d'un tiers des répondantes sont déjà tombées enceinte une fois. Et 19.9% d'entre elles (756 exactement) ont fait un avortement. Parmi ces femmes ayant avorté, près de la moitié n'était pas mariée au moment de l'avortement (46.9%) contre 37.9% mariées et 13.2% en concubinage. Les raisons déclarées dans l'enquête sont les suivantes (réponses multiples possibles) : 33.4% estiment qu'un enfant serait un problème pour leur travail ou leurs études, 32.9% estiment ne pas avoir les reins pour financer l'éducation d'un enfant et 31.2% ne voulaient pas d'enfant.

Lorsqu'il s'agit d'avortement, les femmes cherchent avant tout à protéger leur santé en ayant affaire à un spécialiste via une procédure chirurgicale (90.2%). 9.8% avouent avoir pris des médicaments facilitant la perte du fœtus. Le sujet étant tabou et la pratique illégale, il est au final très compliqué d'obtenir des chiffres fiables.

Si du côté de la KIHASA, les estimations tournent autour de 50 000 cas d'avortements en 2017 contre 168 000 en 2010 et 342 000 en 2005, l'association coréenne des obstétriciens et gynécologistes (KAOG) annoncent un chiffre étonnant : plus d'un million d'avortements en 2017, se référant aux pratiques des membres de l'association.

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Pour la KAOG, cette différence (20 fois supérieur) est explicable par le fait que les femmes et les médecins ne peuvent rien dire à personne, la pratique étant officiellement punie par la loi. Une femme qui avorte risque jusqu'à un an de prison et 2 millions de wons d'amende (1 700 euros) et un docteur qui procède à un avortement risque jusqu'à deux ans derrière les barreaux.

Bien entendu, les femmes se disent pour l'avortement dans une grande majorité. L'enquête qui posait une question sur ce sujet (faut-il rendre revoir la loi sur l'avortement ?) montre que 75% des 10 000 interrogées sont favorables à une légalisation, indiquant en commentaires qu'il était injuste de punir uniquement les femmes, que les femmes étaient exposées à des procédures d'avortement non-médicalisées parce que c'était illégal, et que l'avortement revenait à être un choix personnel.


Pour réduire le nombre d'avortement, le gouvernement ne parle que trop rarement de légalisation et cherche plutôt à implémenter de nouvelles politiques. Face à cela, les personnes interrogées déclarent qu'il revient aux hommes et aux femmes d'assumer la responsabilité de la contraception, de la grossesse et de l'accouchement, et qu'il est nécessaire de renforcer l'éducation sexuelle afin de prévenir des grossesses non désirées. Les résultats de l'enquête devrait influer sur les délibérations de la Cour constitutionnelle quant à la constitutionnalité des lois sur l'avortement statuées en 2012.

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