Smart Cities, la Corée prend de l’avance

15 février


Vous trouvez que la Corée est déjà un pays très connecté, en avance sur les technologies numériques avec vitesse de traitement hors norme ? Demain elle sera probablement en pointe sur des technologies encore plus novatrices dans le domaine de l’intelligence artificielle, la robotique, l'Internet des objets (IoT pour Internet of Things), les véhicules autonomes, la nanotechnologie, la biotechnologie, la science des matériaux…

En effet, le gouvernement ambitionne de poursuivre sa 4ème révolution industrielle en déployant ces nouvelles technologies numériques au service des villes et des citoyens. Il vient d’annoncer par la voix des son président le lancement d’un projet pilote de Villes Intelligentes, savoir-faire que la Corée compte bien exporter par la suite.

 tshirt busan

D’ici à 2022, les deux premières Villes Intelligentes du pays, plus connus en anglais sous le concept de « Smart Cities », devraient voir le jour. La ville portuaire de Busan ainsi que la ville administrative de Sejong au sud-est du pays viennent d’être retenues pour servir de laboratoire d’essais. Busan se spécialisera dans la robotique et dans l’écologie, alors que Sejong développera ses compétences dans le domaine de l’Intelligence Artificielle.

Le président Moon Jae-In vient d’annoncer un investissement publique conséquent de 3 700 milliards de wons (2,9 milliards d’euros) sur 3 ans pour la mise en opération de ses deux villes pilotes. Un investissement privé des grandes firmes coréennes est attendu en complément.


Pour le chef de l’Etat, la réussite du déploiement des Villes Intelligentes Sud-Coréennes est essentielle. C’est à la fois l’avenir du développement économique du pays qui se joue ici, mais aussi sa position de leader technologique sur la scène internationale. « Une ville intelligente est une ville à la fois sure et tournée vers le futur, elle est aussi une plateforme pour la croissance innovante de la République de Corée » a dit le président lors de la cérémonie de lancement du projet à Busan, en utilisant le nom officiel du pays. « C’est aussi un marché stratégique pour lequel le taux de croissance attendu est très élevé » a-t-il ajouté.

Mais le président Moon a surtout assuré le soutien absolu de son gouvernement pour que le modèle des Villes Intelligentes coréennes s’exporte à l’étranger : « Une fois le succès des villes expérimentales de Busan et Sejong obtenues, le pays développera ses projets à l’export en offrant un business model complet incluant la planification, le design, la construction et le management de ces villes ». Après le K-pop et la K-beauty, préparez-vous à l’Hallyu des K-SmartCities !

Mais l’enjeu des Villes Intelligentes est aussi social et devrait permettre de contribuer à l’augmentation de la qualité de vie, autre objectif du gouvernement du Pays du Matin Calme (voir article Bienvenue en Corée du Sud : La Corée du Sud investit 261 Milliard d’Euros dans le social). Faciliter la mobilité, prévenir des accidents, personnaliser l’accès au soin, agir sur l’environnement (déchet/énergie), optimiser les procédures administratives, tels sont les perspectives offertes par les futures villes numériques.


En terme d’aide à la personne, la ville de Busan développera par exemple des robots permettant d’aider les personnes âgées à stationner leurs voitures, robots qui pourront aussi amener et retourner la voiture à l’usager sur demande.

Des progrès inédits sont envisagés en terme de santé publique. La ville de Sejong testera des systèmes d’appels intelligents qui permettront de communiquer par vidéo entre une ambulance et l’hôpital à la suite d’un accident. L’envoi de drone d’urgence permettra aussi des secours plus rapides. Lors de tremblements de terre ou d’incendies, les nouveaux systèmes d’information permettront d’envoyer des alertes instantanées et de réduire le temps d’intervention des secours.

Autre enjeux important des villes connectées : la mobilité intelligente. Sejong sera moteur sur ce sujet. Des espaces seront interdits à la circulation pour les véhicules personnels. Seul l’usage de voitures autonomes ou de véhicules partagés seront possibles.


Le président Moon lors de son discours conclu ainsi : “Une Ville Intelligente est un ville dans laquelle la technologie sera au service des citoyens pour rendre leur vie plus facile et plus sure (…). En 2022, les habitants de Busan auront gagné 124 heures dans l’année dont 60 heures passées sur les routes, 20 heures dans les démarches administratives et 5 heures à l’hôpital.(…) Les accidents de voitures seront réduits de 50% et la criminalité de 25% ».

Mais pour que ces villes du futur voient le jour, il faudra lever des obstacles réglementaires. En effet, aujourd’hui les drones n’ont pas l’autorisation de circuler dans l’espace aérien des pilotes et l’usage des véhicules partagés est très limité en Corée. Pour contourner ces obstacles, le déploiement de ces nouvelles technologies se fera dans des espaces conscrits d’environ 2 à 3km2.

A Busan, la zone appelée « Eco Delta City » sera construite vers Gangseo au nord-est de la ville. Le « 5-1 Smart City » de Sejong ouvrira aussi dans les quartiers nord. Il faudra aussi passer par des nouveaux textes de loi pour permettre à ces services de se déployer temporairement.Ces projets d’avenir pourraient être aussi mis à mal par l’opposition de parties concernées, on pense notamment à celle de l’industrie des taxis, déjà en difficulté aujourd’hui par l’ubérisation du secteur.


La Corée n’en est pas à sa première tentative de Smart City. En 2003, la ville de Songdo (ci-dessus) dans la zone franche d’Incheon a été bâtie à partir de zéro sur un polder de 600 hectares gagné sur la mer Jaune. Financée par un partenariat public-privé de 35 milliards d’euros, cette nouvelle ville ultra-connectée se voulait être un exemple de développement durable. Les résultats ne sont pas au rendez-vous, ni les habitants ni les entreprises ne sont arrivés en masse à Songdo, ville froide et aseptisée.

Les projets de Busan et de Sejong seront-ils plus adaptés aux besoins de la population ? Le gouvernement coréen y compte bien, il a peut être tiré les leçons de cette première expérience en investissant davantage de fonds publics. “ Nous sommes le premier pays dans le monde à adopter des lois spécifiques au développement des Villes Intelligentes » a dit le Président Moon avant d’ajouter « la Corée est le premier pays où les villes expérimentales sont construites à un niveau national ».

Dans un pays où les caméras sont perchées à chaque coin de rue, la surveillance généralisée par les robots et l’aspect Big Brother de villes truffées de capteurs numériques fait peut être moins peur en Corée qu’ailleurs.

Par Riva Brinet
Rédactrice pour Bienvenue en Corée du Sud

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