Guerre déclarée entre travailleurs coréens et clandestins

19 février


Mardi matin. Il est 5 heure sur le chantier de Yongsan, en plein cœur de Séoul, où de nouveaux appartements luxueux verront le jour d'ici quelques années. Devant le chantier, 1 200 hommes, poing en l'air, ruban rouge autour du crâne. Ils sont tous membres de la fédération coréenne des syndicats de l'industrie de la construction. Ils resteront quatre heures. Cette manifestation n'a qu'un seul objectif : exhorter le gouvernement à lutter contre l'emploi illégal de travailleurs étrangers.

"Ce sont des travailleurs migrants illégalement embauchés et faiblement rémunérés qui construisent ces appartements" déclare la fédération qui se plaint de l'immobilisme du gouvernement métropolitain de Séoul et du ministère de la justice alors que tout le monde sait que les travailleurs étrangers en situation irrégulières sont sur ce chantier.


Si du côté de la justice, les choses ont bougé depuis le mois de septembre dernier avec le rapatriement avec effet immédiat (sans seconde chance) des travailleurs migrants en situation irrégulière, les travailleurs locaux savent bien que les embauches de travailleurs illégaux sont monnaie courante. Les pétitions se multiplient sur le site du palais présidentiel, Cheong Wa Dae, appelant le gouvernement à agir.

La croissance économique ralentie et le manque d'emplois vont dans le sens des employés coréens qui ne veulent pas voir des travailleurs illégaux prendre des postes qu'ils sont capable d'assurer. Sur l'une des pétitions est inscrit : "Sur les chantiers de construction de Corée, il y a plus de travailleurs migrants clandestins que de personnes qui travaillent avec des visas." 

"Les clandestins se portent volontaires pour faire un travail avec un salaire inférieur à celui donné aux travailleurs légaux et n'hésitent pas à travailler plus longtemps et à aider d'autres étrangers en situation irrégulière à obtenir des emplois. Cela pose problème pour le marché du travail et menace la vie des Coréens qui perdent leur moyen de subsistance". Un texte qui a le mérite d'être clair.

 tshirt seoul

Selon l'association de la construction en Corée du Sud, le nombre de travailleurs migrants compte pour 19.5% des salariés du secteur soit 226 391 personnes (mai 2018). Bien entendu, ce chiffre ne compte que les salariés détenant un visa leur accordant le droit de travailler en Corée.

Si les travailleurs migrants sont nécessaire dans ce secteur, comme le rapporte Choi Eun-jung, chercheur à l'institut de recherche coréen pour la construction et l'économie (CERIK), c'est au gouvernement d'apporter une solution pour en embaucher davantage légalement, la main d'oeuvre locale se faisant de plus en plus rare dans la construction.


"Le gouvernement va devoir accroître le champ d'application des visas de visite et de travail H-2 (Working Visit Visa) afin de faire venir un plus grand nombre d'étrangers en séjour légal" déclare-t-il à la presse. "Dans le même temps, c'est à lui également de réprimer les travailleurs clandestins". Toujours est-il que sans mouvement du côté du gouvernement ou de la ville de Séoul, la finalisation de ce chantier est compromise ou accusera d'un retard important.

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