Vasectomie, célibat... les Coréens ne veulent plus d'enfants

26 février


Est-ce une tendance ? Difficile à dire. Mais la vasectomie est une pratique répandue dans la quatrième économie asiatique qui touche de plus en plus de jeunes hommes qui refusent d'avoir des enfants. Alors que l'avortement est encore illégal, le mari n'hésite plus à se rendre dans une clinique afin de se faire faire une vasectomie.

Cette intervention, longtemps considérée comme mutilante par l'Ordre des Médecins et devenue légale en France en 1999, est une des rares possibilités actuelles permettant à l'homme de s'investir dans les questions de contraception. Dans une approche plus scientifique, la vasectomie consiste en une ligature et une section des canaux déférents d'où le sperme quitte l'épididyme, ainsi l’éjaculât ne contient plus de sperme et est donc infertile. Cette opération très simple et rapide mais qui entraîne une stérilisation définitive de l'homme.


La Corée du Sud dont la démographie est catastrophique et qui enregistre comme dernier "record", en 2018, un taux de natalité qui passe sous la barre symbolique d'un enfant par femme (0,98) avec Séoul en tête dans la péninsule avec une moyenne de 0,84 enfant par femme, ne sait pas comment relancer sa croissance démographique.

Selon une enquête nationale menée l'année dernière par l'institut coréen pour la santé et les affaires sociales (KIHASA) avec pour thème "évaluation 2018 de la fécondité et de la santé et du bien-être de la famille", les jeunes célibataires âgés d'une vingtaine d'années (25-29 ans) sont de plus en plus nombreux à ne plus vouloir d'enfants ; pour plus d'un tiers des répondants (36.1% des 1 140 personnes interrogées) à la question "voulez-vous des enfants ?", la réponse est tout simplement "je ne peux pas ou ne veux pas". Soit 6,2 points de pourcentage de plus qu'en 2015. Ils sont d'ailleurs de moins en moins nombreux à considérer le mariage comme positif (-7,9 points par rapport à 2015).


27.5% des 25-29 ans célibataires disent "se moquer" d'avoir des enfants. Un chiffre qui a plus que doublé en 3 ans (12.9% en 2015). Ils sont 24.6% chez les 20-24 ans. "Procéder à une vasectomie lorsqu'on a une vingtaine d'années est une façon de souligner que d'une part, le mariage ne compte pas beaucoup, et que d'autre part, avoir des enfants ne fait pas vraiment partie des plans de vie" souligne Jung Jae-hoon, professeur spécialiste des affaires sociales.

Et désormais, ce ne sont plus les hommes de 20, 30 ou 40 ans qui procèdent à des vasectomies. Les parents de jeunes hommes (dès l'adolescence) n'hésitent pas à proposer une vasectomie à leur enfant afin "d'éviter tout accident".

Un médecin de Gangnam confirme que les lycéens n'hésitent plus à venir dans les cliniques pour se renseigner ou procéder à une intervention : "le mois dernier, deux élèves de terminal ont eu une intervention dans mon établissement. C'est de plus en plus fréquent, surtout pendant les vacances scolaires (NLDR : la rentrée coréenne est en mars, les vacances scolaires sont donc en janvier-février)".

 tshirt corée


Un autre urologue de Seongnam, dans la province de Gyeonggi, développe : "il m'est arrivé par trois fois d'avoir des coups de fils de parents qui souhaitaient faire faire une vasectomie à leurs enfants alors que ceux-ci n'étaient encore que collégiens. Mon rôle est de leur donner les raisons qui expliquent mon refus." Han, mère d'une garçon en seconde, se justifie : "mon fils sortait avec une fille qui était à mon sens un peu trop ouverte. Ces temps-ci, les jeunes ne savent pas dire non ou refuser, alors plutôt que de prendre le risque d'être un jeune parent, autant faire une vasectomie et éviter tout risque".

"Contrairement au passé,
le mariage et la maternité ne sont pas une nécessité
"
souligne Lee Sam-sik,
directeur de l'institut sur la société vieillissante à l'université de Hanyang.


Aujourd'hui, les parents ont peur alors que la culture sexuelle des adolescents est en plein bouleversement (lire aussi La révolution du sexe en Corée). Si aucune agrégation précise n'existe sur le sujet des grossesses précoces (chez les femmes âgées de moins de 18 ans), la société nationale de l'assurance maladie (sécurité sociale) estimait entre 2015 et 2017 à 1 399 le nombre de cas de grossesses précoces par jour. Le nombre d'avortements illégaux à trois ou quatre fois plus ! (lire aussi Près d'une coréenne sur cinq se fait avorter).


La vasectomie a pris des proportions importantes ces derniers mois, après qu'une jeune fille d'école primaire soit tombée enceinte à Séoul. Les "cafés de maman" (plateformes communautaires très influente au pays du Matin clair) n'ont pas tardé à s'attaquer à ce sujet en employant les grands moyens : la "castration" de leur fils.

Ces communautés n'arrêtent pas de faire tourner des articles sur les grossesses d'adolescentes qui font les faits divers des journaux locaux en commentant : "nous ne pouvons éviter aux enfants de se retrouver dans les toilettes ou sur les toits des écoles". Des rumeurs tournent en boucle comme "certains enfants se prostituent afin de recevoir de l'argent".

Pourquoi éduquer les enfants à l'utilisation du préservatif, quand il est plus facile de couper court à tout accident via une vasectomie ? Le préservatif n'est pas vraiment répandue dans la péninsule et l'éducation sexuelle encore loin d'être parfaite. Et si l'on qualifie la vasectomie de procédure irréversible, des cliniques font des tentatives de "restauration" en rétablissant la fertilité des hommes.

Des opérations qui débouchent encore souvent sur des échecs (10%) et qui sont fonction du type de vasectomie (section ou nœud). Selon les urologues, plus la période de blocage du sperme est longue, plus la "restauration" est compliquée. Ils sont majoritairement contre la vasectomie des ados.


Une autre enquête de la KIHASA menée auprès de femmes âgées de 15 à 49 ans va dans le même sens. Plus de 8 femmes sur 10 (84.8% des femmes interrogées) avouent ne pas vouloir d'enfant dans un futur proche, avec 4.8% pas vraiment sûres d'elles et 10.4% qui en veulent.

Et parmi celles qui n'en veulent pas, la moitié cite des raisons économiques avec 16.8% pour les prix de l'éducation, 14.2% pour les dépenses en maternité, 7.9% pour leur salaire trop bas ou leur emploi instable, 6.9% car c'est trop compliqué d'éduquer un enfant et de travailler en même temps, et 1.3% parce qu'elles n'ont pas un logement approprié pour accueillir un enfant.

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"J'ai un enfant et je ne veux pas de deuxième, car les coûts engendrés par le premier sont trop importants. Je veux garder de l'argent pour ma retraite et avoir de l'argent aussi pour mes loisirs" confie Lee, une mère de trente et quelques années. Et lorsqu'il ne s'agit pas de facteurs économiques, les femmes citent le fait qu'elles ont assez d'enfants dans leur foyer (20.1%), qu'elles sont trop vieilles pour avoir un nouvel enfant (20.1%), qu'elles veulent profiter de la vie (3.1%) ou qu'elles pensent que les enfants ne vivent pas heureux dans la société coréenne (2.8%).

Ce sont bien entendu les femmes de 45-49 ans qui justifient leur réponse par leur âge, les jeunes d'une vingtaine d'années qui citent davantage des raisons financières et les 35-39 ans qui parlent du coût de l'éducation.

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1 avis

  1. Ce sujet est très problématique. Les populations ne cessent d'augmenter dans le nombre de bébés naissant hors cadre légal alors que médicalement, scientifiquement et socialement cette pratique peut sauver plusieurs enfants. La bonne formule serait de simplifier le cérémonies de mariage, légaliser les mariage hors cadre et surtout informer les jeunes sur les danger des rapports non protégés. En conclusion, la vasectomie peut sauver un enfant mais ne peut jamais sauver une population qui tend à finir dans la croissance et les valeurs. Une opération Invitro est la fonction inverse de la vasectomie, cette opération très pratiquée en Tunisie dans des cliniques Tunisiennes dont la majorité est spécialisée chirurgie esthétique, liposuccion, abdominoplastie, blépharoplastie, soins dentaires et greffe cheveux.

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