Corée du Sud : Les entrepreneurs déjà morts ?

23 novembre

Commerce – Drôle de question. Un entrepreneur est censé lancer une activité, et si possible, réussir dans sa quête, donc se projeter sur du moyen-long terme. Il est souvent jeune, ambitieux, avec plus ou moins d’expérience et il connaît son secteur. Un entrepreneur déjà mort ne sert par conséquent pas à grand-chose. Et pourtant, des entrepreneurs d’un autre genre voient le jour en Corée du Sud. Les plus de cinquante ans se lancent dans l’aventure du self-business de plus en plus fréquemment. Au mois d’octobre, ils étaient ainsi 3.1 millions à détenir leur propre affaire, la barre symbolique des trois millions étant dépassée depuis le mois de mai. Cette vague de l’entreprenait version sénior est étroitement liée aux départs à la retraite des baby-boomers.

En Corée du Sud, le nombre d’entrepreneurs a atteint la barre des 6 millions en 2007, avant de chuter à 5.6 millions l’année dernière sur fonds de crise financière internationale avant de rebondir cette année avec sur les dix premiers mois un total de 5.7 millions d’entrepreneurs. Mais que font les plus de 50 ans lorsqu’ils investissent dans une petite affaire ? La plupart s’oriente sur trois principaux secteurs à savoir la distribution (commerce de gros, vente au détail), les transports et l’hôtellerie, autrement dit, ils détiennent un petit commerce, un restaurant, un motel ou conduise un taxi. Sur les derniers mois, le nombre de quinquagénaires qui ont ouvert un restaurant ou un motel est passé de 2 000 à 6 000 en un an. Depuis avril, les responsables de magasins sont passés de 30 à 40 000 dont 10 000 sexagénaires supplémentaires.

Mais attention, la multiplication des ouvertures ne signifie en aucun cas des succès et une nouvelle richesse pour les séniors. Nombreux sont ceux qui n’arrivent pas à convertir leur affaire en une poule aux œufs d’or. Plus particulièrement ceux qui se lancent dans l’aventure des magasins de proximité et les cafés, très tendance en Corée. Les cafés représenteraient un marché de 2 800 milliards de wons sur 2011 (2.44 milliards de dollars), soit plus du double du niveau enregistré en 2006 pour un nombre de cafés qui a été multiplié par six dans la péninsule (de 1 500 à 9 400 en cinq ans). Du coup, seuls les plus compétitifs survivent.

En fin de compte, ces entrepreneurs présentent un risque pour l’avenir du pays. Avec 90% des petites affaires ne comptant moins de quatre employés et des gérants comptant se nourrir avec les fruits de leurs opérations qu’ils pensent maitriser facilement dès le lancement, le business est fébrile au regard des résultats. Le souci, c’est que entrepreneuriat de ce genre représente 25.8% du PIB sud-coréen en 2008, contre 5.8% aux Etats-Unis ou 9.8% au Japon. Pour l’institut du développement de la Corée, il faut que le gouvernement trouve un moyen de stabiliser les séniors dans leur emploi plutôt qu’ils se lancent dans des aventures trop risquées.

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