Edito 6 : Quoi de neuf en Corée du Nord ?

09 juin

Pour juin, c'est la Corée du Nord qui fait l'objet de l'éditorial. Entre le père Kim à Pékin, la situation sanitaire qui s'aggrave et l'enquête du jour, j'ai décidé de porter un regard sur les nouvelles de l'autre côté de la frontière. Dans la vague des "Quoi de neuf en Corée du Sud ?" tenus quotidiennement, voici donc un "Quoi de neuf en Corée du Nord ?"...

Photo par Charlie Crane issue d'une série exceptionnelle sur l'Empire Ermite
(Crédit Photo : Charlie Crane/Koryo Tours)

Froid. Fermé. Gris. Strict. Dictatorial. Enclavé. Dur. Armé. Dangereux. Inquiétant. Endoctriné. Hostile. Provocant. Les adjectifs ne manquent généralement pas lorsque l’on veut qualifier la Corée du Nord et son régime. Le contraste démographique avec son frère situé au Sud du 38e parallèle en dit long sur l’état du pays : 24 millions d’habitants pour une superficie de 120 540 km2 contre le double d’habitants sur une surface plus petite au Sud (49 millions pour 99 274 km2). Bref, la situation n’est pas rose et s’assombrit d’année en année… mais jusqu’à quand ? Jusqu’à quand les Nord-coréens souffriront en silence dans les geôles débordantes entourant Pyongyang ? Jusqu’à quand les populations rurales tiendront à ingurgiter du maïs parce que le riz est trop cher ? Jusqu’à quand la Chine et la Russie soutiendront ce pays ? Un peu comme l’Israël et la Palestine ou encore la Chine et Taïwan, la relation entre la Corée du Nord et le reste du monde est une histoire sans fin, une sorte de Statu Quo qui voit des générations d’experts se passer la main à analyser le pays et prévoir une chute qui n’arrive finalement jamais, la troisième génération de la « Kim’s Family » arrivant doucement au pouvoir...

Kim Jong-Il a encore faim
Entre l’accident vasculaire cérébra
l du « Cher Dirigeant » mi-2009 et les soulèvements populaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, les spécialistes de la Corée du Nord avaient du grain à moudre et nombreux étaient ceux qui espéraient voir Pyongyang ébranlée par ces événements. Que nenni. Deux ans après, Kim Jong-Il a repris des forces comme jamais, se surprenant lui-même à nommer en urgence son dernier fils Kim Jong-Un comme successeur en septembre 2010. De fait, alors que son fils a quelques nouvelles idées mais est moins à même de contrôler l’entourage influant siégeant aux côtés du père, la succession se fait au ralenti. Le dernier voyage de Kim Jong-Il en Chine en est la plus belle preuve ; à bord de son train blindé qui l’a emmené dans la province de Liaoning avant d’atteindre la capitale Pékin, le chef du royaume ermite avait à ses côtés non pas son jeune fils Kim Jong-Eun, mais bien celle que les spécialistes considèrent comme sa quatrième femme, Kim Ok. Tout un symbole. Pendant que les yeux des médias et des experts étaient rivés sur l’Empire du Milieu et les moindres faits et gestes de papa, le fiston jouait au fin stratège à Pyongyang en préparant une coupure de ligne téléphonique avec l’armée au Sud ou en s’assurant que les satellites internationaux prennent bien en photo les hydroglisseurs tous neufs exposés dans des hangars sur les côtes Est et Ouest de la péninsule nord-coréenne. Et quand papa revient, voici un petit tir de missile courte portée histoire de bien mettre la pression sur la Corée du Sud, comme à chaque printemps…

La Corée du Nord ou le Pays des Merveilles
La Corée du Nord, c’est 200 000 personnes enfermées dans les Goulags où, selon Amnesty International, les prisonniers politiques sont enfermés par 30 ou 40 dans des petites pièces et la nourriture est distribuée par 200 grammes aux plus méritants, les autres devant chasser les rats ou les excréments afin de tomber par chance sur du maïs mal digéré… La Corée du Nord, c’est une pénurie alimentaire grave qui pourrait coûter la vie à des centaines de milliers de personne dans les prochaines années selon le Programme Alimentaire International, confirmée par les délégations américaines et européennes qui s’y suivent pour évaluer l’état du pays. Mais la Corée du Nord, c’est surtout le deux
ième pays le plus heureux du monde ! La chaîne de télévision Chosun Central a en effet décidé de créer un indice du bonheur et d’établir un classement mondial que les médias internationaux ont découvert hier ; les résultats sont plus que logiques avec la Chine, premier partenaire commercial et allié politique, en première position avec la note maximale de 100, suivi de la Corée du Nord avec 98 points, de Cuba, de l’Iran et du Vénézuela. Vous aurez compris le point commun du club des 5, qui se rapproche du classement inversé des grandes démocraties ! Bien entendu, la Corée du Sud et les Etats-Unis sont bien loin avec respectivement une 152e position avec 18 points et une 203e position avec 2 points. Un classement bien loin également du Gallup qui place dans son top 5 le Danemark, la Finlande, la Norvège, les Pays-Bas et le Costa Rica… Il serait intéressant de connaître les éléments composant cet index du bonheur. Après tout, si le bonheur réside dans le fait d’avoir sa vie contrôlée par l’Etat, pourquoi pas…

Par Arosmik

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1 avis

  1. Cool ça change, il manque juste la rubrique mode. Mini ou micro jupe en Corée du Nord? Merci

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