Attaque nord-coréenne : réponse du Sud attendue

19 mai

Corée du Nord – Toutes les preuves tiennent sur un numéro. Le numéro de série de la torpille qui a frappé le vaisseau sud-coréen le 26 mars dernier en Mer Jaune, coûtant la vie à 46 marins. Les enquêteurs coréens obtiennent donc les mêmes conclusions que les enquêteurs américains, anglais, suédois et australiens qui coopèrent dans le cadre de l’équipe de recherche internationale sur le naufrage mise en place par le gouvernement de Lee Myung-Bak. Les médias sud-coréens sont déjà au courant du contenu du rapport qui sera rendu public demain par les autorités : l’engin lancé par le Nord serait une torpille acoustique munie d’une ogive de 250 kilogrammes. Les traces d’explosifs retrouvées sur la carcasse du bateau sont également révélatrices d’une attaque nord-coréenne d’après le rapport. Les explosifs sont les mêmes que ceux trouvés sur une torpille il y a sept ans. Maintenant, que faire ? Comment réagir ? Le président Lee a pris son téléphone pour appeler le président américain Barack Obama afin de prendre les bonnes décisions dans les jours à venir. Au cours de l’échange qui aura duré un peu moins d’une demi-heure, Obama a assuré Lee de tout son soutien et indiqué qu’il portait une totale confiance en Séoul et dans les décisions qui seront prises. La secrétaire d’État Hillary Clinton viendra faire un saut à Séoul la semaine prochaine pour évoquer entre autres le sujet de cette attaque en Mer Jaune. D’après les premières indications fournies sous le couvert de l’anonymat par des membres du gouvernement, une des contre-mesures possibles serait d’effectuer des exercices navals de grande envergure entre la Corée du Sud et les Etats-Unis. Ils permettraient non seulement de développer la coopération militaire coréano-américaine, mais surtout de montrer un signal fort à la Corée du Nord. Un sous-marin nucléaire américain devrait se joindre aux exercices. Lee Myung-Bak cherche avant tout à assurer le soutien de la communauté internationale avant de référer de l’incident du Cheonan (nom du navire coulé) auprès du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Aujourd’hui, le gouvernement a pour mission de briefer les ambassadeurs de plus de 30 pays, dont les pays mêlés aux négociations à six et les pays de l’Union européenne, à propos des conclusions du rapport qui sera dévoilé demain. Pour les spécialistes de la Corée du Nord, l’attitude de la dictature du « Cher Leader » en réponse à une action de la Corée du Sud reste assez vague. Dans le pire des cas, ils imaginent le Nord conduire un troisième essai nucléaire (après 2006 et 2009). Rappelons qu’une nation conduit quatre à cinq essais afin de finaliser une arme nucléaire. Pyongyang pourrait également, dans un premier temps, interdire tout passage au niveau de la frontière. Le gouvernement de Kim Jong-Il pourrait également choisir de ne plus jamais revenir aux discussions à six sur la dénucléarisation du pays. Certains experts voient la Chine comme un facteur critique. L’Empire du Milieu se placerait plutôt derrière la Corée du Nord, ce qui limiterait toute action du Conseil de Sécurité, la Chine étant l’un des membres permanents de ce Conseil. L’attente est aujourd’hui très grande. Politiciens, journalistes, diplomates, mais aussi citoyens sont dans l’expectative d’une réaction de la Corée du Sud. L’affaire en est même devenue un élément influent des élections locales qui se tiennent le 2 juin prochain. Lee Myung-Bak joue gros sur ce coup et il sait qu’il est attendu au tournant.
Arosmik, le 19 mai 2010 en Corée du Sud

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